Un peu d’histoire

Creully sur Seulles

Source : Jean-Pierre Barette. http://creully.blogspot.fr/

Et mairies de Creully, Villiers le Sec et Saint Gabriel Brécy

Creully, saint Gabriel-Brécy et Villiers le Sec se sont regroupés autour de la Seulles. (Creully sur Seulles)

A travers le texte d’un ancien livre de géographie sur le Calvados, je vous présente, sur ses 50 kilomètres, notre rivière qui arrose Creully, saint Gabriel-Brécy et Villiers le Sec : la Seulles

La Seulles, qui passe sur les arrondissements de Vire, de Caen et deBayeux, a sa source dans le Calvados, au  pied des buttes ou bruyères de Jurques.
Cette commune, comme celle de Saint-Pierre-du-Fresne qui est contiguë, présente des coteaux, des vallons, un sol accidenté, et le tout très pittoresque.
Un de ses bois renferme une pierre énorme, appelée la pierre de Dialan, on suppose qu’elle servait aux druides pour leurs sacrifices.

 

Au sortir de Saint-Pierre-du-Fresne, la Seulles rencontre, dans son cours, Coulvain et Cahagnes. Là, elle quitte l’arrondissement de Vire pour celui de Caen, qu’elle trouve à Amayé-sur-Seulles. A Anctoville, elle est déjà sur celui de Bayeux. Tout en servant de limite à l’un et à l’autre, elle envoie ses eaux dans les communes de Feuguerolles-sur-Seulles, Saint-Louet-sur-Seulles, Sermentot et Villy-Bocage (rive droite); de Hottot-les-Bagues et de Saint-Vaast (rive gauche).
Elle arrive ainsi à Juvigny, où elle traverse les routes départementales de Bayeux à Villers-Bocage, et de Caen à Caumont, sous un beau pont en granit, de construction récente. Juvigny doit à cette jonction des routes une certaine importance. Tout près de cette localité, à Fontenay-le-Pesnel, on exploite avec activité des fours à chaux et des carrières calcaires qui fournissent des pavés résistants.

La Seulles apporte à Juvigny un certain volume d’eau qu’elle doit à plusieurs affluents. Se sont, à gauche, le Calichon et le ruisseau de Candon ou de Cliquet, qu’elle reçoit, celui-ci à Sermentot, celui-là à Ancto­ville. Le Calichon alimente deux moulins à blé, l’un à Briquessart, hameau de la commune de Livry, et autrefois un gros bourg. La mesure de Briquessart était, paraît-il, une des plus anciennes du royaume. On cite le baron de ce bourg parmi les seigneurs qui se liguèrent, en 1047, contre Guillaume. Il avait un château important sur le bord de la vallée du Calichon. Les affluents de la Seulles, rive droite, sont d’abord La Seuline, une rivière assez importante, qui sort des bois de Saint-Georges-d’Aunay, arrose Maisoncelles-Pelvey, Tracy-Bocage, Villers-Bocage, Saint-Louet-sur-Seulles, Villy-Bocage, où elle se jette dans la Seulles, après avoir fait marcher deux moulins à blé. Le second affluent est le ruisseau du Coisel, dans la commune de Saint-Vaast.
Les communes traversées par la Seulles et par ses affluents  produisent des céréales et  des pommes à cidre; dans les vallées se trouvent des prés qui ne sont pas classés parmi les terres les meilleures des environs; l’herbe y est  molle,  peu nourrissante. Il serait souvent difficile de les drainer, le sol étant, en beaucoup d’endroits,   au-dessous des cours d’eau.   Cependant, vers Saint-Vaast, le terrain  s’améliore.

 

Cette commune paraît avoir eu jadis une certaine importance. Des fouilles, pratiquées pour le dé­frichement des bois et l’extraction du galet roulé, y ont mis à jour les fondements d’anciennes murailles qui passent pour avoir fait partie d’un camp romain.
Des souvenirs religieux se rattachent aussi à Saint-Vaast. Vers 865, les habitants de Macé, près d’Alençon, vinrent y  déposer  les  reliques de Saint Raven   et de Saint Rasiphe. En 1047, Hugues, évêque  de Bayeux, averti par la   révélation  d’un religieux,   alla processionnellement lever leurs corps, qu’il trouva à 20 pieds de profondeur,   enveloppés dans une peau de cerf.
Les populations implorent  encore  l’intercession  de ces deux saints en faveur des fruits de la terre, surtout contre les ravages des mans ou vers blancs.
Saint-Vaast avait un château fort. Il en reste des vestiges près de l’église, dont quelques parties seulement appartiennent au style roman, et d’autres peut-être au XIIIe siècle. Le seigneur du lieu été nommé à la cure de Saint-Vaast. Quand l’évêque de Bayeux venait prendre possession de son siège, les châtelains de Saint-Vaast et de Beaumont, devaient le conduire depuis le prieuré de Saint Vigor-le-Grand jusqu’à la cathédrale. Le premier tenait, la gauche, le second, la droite du prélat.
En 1356, les Anglais s’emparèrent du château fort de Saint-Vaast. Nos pères eurent alors à subir toutes les horreurs de l’invasion; les moulins et les maisons furent brûlés. On fuyait ; dans plusieurs communes, il ne resta que les vieillards; les morts étaient sans sépulture ; pendant plusieurs années, les terres demeureront incultes. Au milieu de cette désolation, il y eut comme un élan de patriotisme qui porta les habitants des communes voisines à se réunir pour racheter le château de Saint-Vaast et délivrer ainsi le pays de la garnison ennemie.
Dans cette contrée, comme le patriotisme, la charité se manifestait, et, en 1374, elle inspirait la créa­tion, à Juvigny, d’un petit Hôtel-Dieu ou prieuré hos­pitalier, sous le titre de Sainte-Apolline. Il n’existe plus. Mais le pays ne cesse, de trouver des bienfai­teurs dans la famille qui possède le château de Juvigny. Il y a là une construction considérable, à laquelle conduisent de longues avenues, et qu’entourent une belle terre, des promenades et de vastes allées.
De Juvigny, la Seulles descend à Tilly, en prenant, sur son passage, le ruisseau du Bordel. Récemment encore, tout près de notre rivière et du bourg, s’élevait, au milieu de riches prairies, un des châ­teaux les plus considérables de la Basse-Normandie. Il a disparu, comme tout ce qui se rattachait à l’antique seigneurie de Tilly-sur-Seulles.
Elle eut surtout à souffrir de l’invasion anglaise, pendant la guerre de cent ans. En 1418, le château et le domaine de Tilly qui appartenaient à Philippe d’Harcourt, furent confisqués et donnés à Jean Gray, che­valier. En 1422, Henri V prescrivit, au Bailly de Caen de raser le château.
Après l’expulsion de l’étranger, la terre et la châtellenie de Tilly passèrent en diverses mains. Le château démoli, il y a quelques années, avait été reconstruit, avant la révolution, par M. de Fontette, intendant de la généralité de Caen.
Des transformations successives ont été également apportées à l’église actuelle dont la nef, ou la partie la plus ancienne, date au moins du XIe siècle. Elle était sur la paroisse Saint-Pierre, que la Seulles séparait autrefois de celle de Saint-François.
En quittant Tilly pour s’engager d’abord dans l’arrondissement de Bayeux, cette rivière laisse sur sa rive gauche Bucéels, Chouain, Condé-sur-Seulles et Nonant; sur sa rive droite, Audrieu, Ducy-Sainte-Marguerile et Carcagny. Elle traverse ensuite les communes de Vaux-sur-Seulles, Esquay-sur-Seulles, Vienne, et elle va délimiter les deux communes de Villiers-le-Sec et de Saint-Gabriel.
Là, un moulin assez important lui emprunte ses eaux, qui coulent tout près de l’antique prieuré de Saint-Gabriel. Ce n’est plus qu’une ruine, mais « une des plus belles du département » a dit M. de Caumont. Il avait été fondé au XIe siècle, en faveur de l’abbaye de Fécamp, par Richard, fils de Tursting,  seigneur de Creully.
Ce bourg,  aujourd’hui  chef-lieu  de canton, possédait autrefois un doyenné, une baronnie et une sergenterie. Son église est assez intéressante, et son châ­teau passe pour avoir été  « une des  anciennes forteresses les plus remarquables du Calvados.»
Il y eut souvent chez les seigneurs de Creully, autant de patriotisme que de bravoure. En 1047, Hamon, l’un d’eux, combattit vaillamment et fut tué au Val-des-Dunes. Guillaume-le-Conquérant et Guillaume-le-Roux eurent en grande estime Robert Hamon, son fils. Aussi, pour reconnaître ses services, lui donnèrent-ils les comtés et seigneuries de Glocester et de Bristol en Angleterre. Un Philippe, baron de Creully, fut re­nommé parmi les chevaliers bannerets, qui vivaient du temps de Philippe-Auguste, en 1210.
A l’époque de la première invasion anglaise, le château  de Creully, comme toutes les places fortes des  bords de la Seulles, excita la convoitise de l’ennemi. Trop faible pour l’arrêter, Richard n’hésita pas à démanteler sa demeure. Conduits par Philippe de Navarre les anglais s’y établirent. C’était en mars 1357. Ils ne restèrent pas longtemps. Au mois d’août, Richard fils et quantité de gens d’armes vinrent les pourchasser. Tous ceux qu’ils trouvèrent furent  tués ou faits prisonniers, et   le vainqueur  rentra dans son château.
De nouveaux  malheurs désolèrent bientôt la France. Le 1er août 1417, Henri V débarquait à l’embouchure de la Touques. Honfleur, Lisieux, Caen, Bayeux, Coutances, Falaise, Argentan, Alençon tombèrent en son pouvoir. Creully eut à subir le même sort. Il fallut le triomphe de Formigny pour le délivrer entière­ment de l’envahisseur.
Ces assauts successifs et des constructions posté­rieures ont fait perdre à cette antique forteresse une partie de son aspect primitif. Cependant on peut reconnaître encore des vestiges du monument et suivre le développement des remparts, si l’on se place au delà du moulin, sur le pont de la Seulles. L’effet produit est des plus pittoresques.
Un autre, côté du tableau, toujours plein de vie, c’est le cours de la rivière et le volume d’eau con­sidérable qu’elle charrie à travers les prairies. Elle se précipite à côté de Tierceville, vers Amblie, Colombiers-sur-Seulles et Reviers.
Depuis Vaux-sur-Seulles, près des lieux où elle arrive sous le canton de Ryes, au pied du plateau qui borde le littoral de l’arrondissement de Bayeux et sert de contrefort à ses hautes falaises, elle cesse de marcher vers la mer pour se porter du côté de l’Est. A partir de Reviers, elle reprend sa direction première, contourne l’extrémité du plateau dont nous venons de parler, et se divise, en deux branches bientôt réunies, lorsque les collines qui ferment la vallée se rejoignent sous Banville. Elle va se jeter enfin dans la mer, à Courseulles, en face des rochers du Calvados.
Jadis elle avait son embouchure sur la limite de la commune de Bernières, au lieu nommé la Cassine, et où Graye se terminait. Courseulles n’allait pas alors jusqu’à la mer. Mais les marais traversés par la rivière se desséchant peu à peu, l’agriculture, l’in­dustrie huîtrière et les besoins de la navigation ont fini par porter l’embouchure de la Seulles en face de cette commune. Puis, en 1835, furent entrepris les travaux du port. Le vieux lit de la rivière, une partie des parcs à huîtres durent alors céder leur place à un avant-port; des jetées élevées pour en protéger l’en­trée, un bassin à flot récemment achevé ont fixé dans cet avant-port l’embouchure de la Seulles.

Creully

Un gisement de silex du néolithique prouve l’ancienneté de l’occupation du site.

L’histoire du village, dont l’ancien nom est Curleïum, remonte à l’installation des Normands de Rollon dans le Bessin lors du traité de Saint-Clair-sur-Epte en 912.

Haimon-le-Dentu, petit-fils ou petit-neveu de Rollon, devient le premier baron de Creully et fait édifier une forteresse sur le site d’un ancien opidum gaulois.

Rien ne subsiste aujourd’hui de cette place forte dominant la Seulles et certainement constituée d’une palissade protégeant une tour en bois d’où l’on dominait le pays alentour.
Durant la guerre fratricide qui opposera les fils de Guillaume-le-Conquérant, Robert-Fitz-Haimon, second baron de Creully, épousera le parti de Henri Beauclerc contre son frère Robert-Courte-Heuze.
Durant ce conflit se déroule le tragique incident de Secqueville-en-Bessin raconté par Ordéric Vital.

 

C’est ce même Robert Fitz-Haimon qui fera ériger, au XIe siècle une forteresse en pierres dont ne subsiste que quelques traces à l’entrée actuelle du château et la grande salle voûtée en plein cintre du rez-de-chaussée.

Au XIIe, Mabille, fille et héritière de Robert-Fitz-Haimon, épouse Robert de Caen, le fils naturel du roi d’Angleterre, Henri 1er Beauclerc, qui devient ainsi le troisième baron de Creully.

Au XIIIe, le château revient à la famille de Tillières, alliée par mariage aux premiers barons de Creully.

De plan carré, la forteresse est alors entourée de fossés et ses remparts surmontés d’un chemin de ronde.

Au XIVe la grande salle intérieure est divisée et l’intérieur du bâtiment prend un aspect proche de celui que nous voyons aujourd’hui.
Théâtre des rivalités franco-anglaises durant la guerre de Cent Ans, le château revient à son ancien propriétaire après la bataille de Formigny (15 avril 1450) qui rend définitivement la Normandie à la France et Creully à Philippe de Vierville.

Au tout début du XVIe, Marie, héritière des barons de Creully, épouse Jean de Sillans qui devient ainsi le 17e baron de Creully.

La famille des Sillans entreprend d’importants remaniements de style renaissance : larges fenêtres, tourelle adossée au donjon et construction des écuries.

Racheté en 1682 par Colbert, le château passe ensuite aux Montmorency avant d’ètre vendu comme bien national pendant la Révolution.

Il passera ensuite aux mains de différents propriétaires.

En juin 1944, la B.B.C. installera ses studios dans la tour carrée afin d’y diffuser les informations sur le Débarquement en Normandie.
Le château est acquis par la mairie en 1946.

Saint Gabriel Brecy

Situé sur la route des Abbayes Normandes et à deux pas des plages du débarquement, le Prieuré Saint-Gabriel est implanté à une vingtaine de  kilomètres de Caen et à dix kilomètres de Bayeux, non loin du petit bourg de Creully.

Un lieu riche en histoire :

Fondé au milieu du XIè siècle par l’ Abbaye de Fécamp, sur une initiative seigneuriale, l’établissement était destiné à gérer les biens détenus par cette dernière dans l’ancienne Basse-Normandie.

Le prieuré conventuel bénédictin a pris une certaine importance à l’époque médiévale.

De cette époque, subsistent, outre le chœur de l’église prieurale, la porterie, une tour communément appelée “tour de justice” et une partie d’un ancien logis manable comprenant notamment un cellier voûté.

Villiers le Sec

  • On peut y voir un ancien séminaire, qui a été pendant un temps une maison de retraite.
  • Château de Banville-en-Villiers inscrit aux Monuments historiques.
  • Manoir de Villiers (xviiesiècle).
  • Église paroissiale Saint-Laurent, du xiiiesiècle, classée Monument historique en 1913. Elle abrite des tableaux inscrits à titre d’objets.

Des personnalités ont fréquenté la commune

  • Septime Le Pippre(1833-1871), peintre, aquarelliste et militaire, a vécu à Villiers-le-Sec.
  • Gaston Le Révérend(1885-1962), poète, et instituteur, est décédé à Villiers-le-Sec.

 

Un peu d’histoire contemporaine

 

Le château de Creully

La Tour Carrée fût le premier studio de la BBC en France lors du débarquement en juin 1944.

Le musée de la radio, inauguré en 1994, expose des radios civiles et militaires datant de la seconde guerre mondiale et d’avant-guerre. (photo 1ere émission BBC)

Le château de Creullet

A proximité du château fort de Creully se dresse, sur l’autre berge de la Seulles, le château de Creullet. Construit au cœur d’un joli parc et bordé de jardins s’ouvrant sur une pièce d’eau de 200 mètres de longueur dessinée pour jouer avec les lois  de la perspective, il s’apparente à plusieurs des belles demeures de la région : une haute toiture surmontée de cheminées imposantes dans laquelle s’encastrent deux frontons triangulaires discrètement ouvragés. L’unité qu’il présente est le fruit d’ habiles et heureuses transformations s’ étalant du milieu du XVI° siècle au tout début du XX° pour, au final, en faire une maison d’ agrément dans le goût du XVIII° siècle.

Entouré de vastes communs des XVI° et XVII° siècle, le château s’ inscrit dans une longue perspective bordée à gauche d’ un glacis planté d’arbres majestueux et à droite d’ une terrasse ornée d’ un jardin à la Française largement ouvert et visuellement intégré à la vallée de la Seulles. Le tout agrémenté d’une légère architecture ajourée faite de balustres, de pilastres, de portes et d’escaliers dessinant la bordure de  douves , d’ un belvédère et de la pièce d’eau réalisés aux alentours de 1680 dans un mélange d’influences hollandaises et italiennes caractéristique des  débuts des jardins à la Française.

Jusqu’ au début du XVI* siècle, Creullet était un fief de haubert dépendant de la baronnie de Creully. L’ensemble architectural encore subsistant  regroupé dans le   hameau de Creullet  constituait une paroisse indépendante autour de l’église Sainte Marguerite, dont subsiste une façade agrémentée d’une baie ogivale sur la route d’accès au château.

Guillemette de Creullet épousera au début des années 1400 Jean Le Hericy dont les descendants directs conserveront le domaine durant sept générations avant d’être transmis par les femmes aux familles Quincé et Cormier, puis vendu successivement aux familles Vauquelin et en 1852 aux Labbey de Druval qui le lègueront aux actuels propriétaires.

Les événements de juin 1944 ont, d’une façon inattendue, apporté une page prestigieuse à l’histoire de Creullet. Le 8 juin 1944, le général Montgomery, Commandant le 21° Army Group anglais y installe son Quartier Général en sa qualité d’adjoint du Général Eisenhower, Commandant en Chef de la Force Expéditionnaire. En l’absence d’ Eisenhower, resté en Angleterre pour superviser l’ensemble du dispositif, c’ est depuis ce QG, jusqu’ à son départ pour des raisons de sécurité, le 22 juin, que seront organisées  la totalité des opérations terrestres durant les semaines suivantes et la communication sur l’ évolution de la situation, une tâche facilitée par l’ installation contiguë d’ un studio de la BBC dans une tour du château de Creully.

C’ est ainsi qu’il y recevra successivement, outre les correspondants de guerre sur place, dont le fameux photographe Capa, le Premier ministre anglais, Sir Winston Churchill, le 12 juin, accompagné du Field Marshall Sir Allan Brook, Premier Ministre d’ Afrique du Sud, le Général de Gaulle venu informer les alliés de ses intentions politiques développées l’après midi même du 14 juin dans son discours de  Bayeux, le général Eisenhower pour sa première visite sur le champ de bataille le 15 juin, et le roi d’Angleterre Georges VI le 16 juin.

La propriété est privée et ne se visite pas mais accueille régulièrement des groupes de personnalités françaises et étrangères lors de cérémonies commémoratives. Le parc, les façades et le rez de chaussée sont classés au titre des monuments historiques.

 

L’ancien petit séminaire de Villiers-le-Sec

Après les épisodes sanglants de Terreur révolutionnaire, la ferveur catholique est redevenue très forte dans l’Ouest de la France, tout particulièrement en Normandie, terre de chouannerie.

La Révolution a certes rendu l’école obligatoire, mais n’a pas mis en place les structures à la hauteur de ses ambitions. Napoléon a créé les lycées (un par département) dans le seul but de former les cadres de l’Empire. Autrement dit, il n’y a rien ou presque pour l’enseignement des jeunes dans notre région.

Les vocations sont nombreuses et l’on manque de place.

Deux habitants fortunés de Villiers, mrs Chrysostome Patry et Charles-Pierre Malherbe son beau frère, proposent à l’évêque de Bayeux de donner des terres, pour qu’un petit séminaire soit construit à Villiers-le-Sec.

L’évêque transmet la demande au roi Louis XVIII.

Il faut rappeler qu’en 1801, un Concordat avait été signé entre Bonaparte et le pape. Le clergé était nommé et rémunéré par l’état, d’où l’obligation pour l’évêque, d’avoir l’accord du roi. L’article 1 d’une ordonnance royale établie au château des Tuileries en date du 30 mars 1820 dit ceci : « L’Evêque de Bayeux est autorisé à former dans le département du Calvados une seconde école ecclésiastique, qui sera établie dans la commune de Villiers le Sec, arrondissement de Bayeux…… ».

Les jeunes séminaristes recevaient d’abord une formation, dans un petit séminaire (correspondant à un niveau collège/lycée d’aujourd’hui), puis dans un grand séminaire, où ils suivaient des études supérieures. Villiers abritait le petit séminaire du diocèse de Bayeux et Sommervieu le grand séminaire.

Les premiers bâtiments sont rapidement construits et le petit séminaire ouvre très vite. En 1826 un rapport adressé au roi dit ceci : « .. où l’on compte actuellement 180 élèves et 8 à 10 professeurs et directeur, pour l’avantage des familles peu fortunées de la région… ».

Le petit séminaire n’accueillait pas que des jeunes destinés à la prêtrise. Il permettait aussi l’accès à l’enseignement, pour des fils de familles aisées comme de milieux modestes.

Il continue à fonctionner jusqu’en 1905, date de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les bâtiments sont confisqués à l’Evêché de Bayeux et mis sous séquestre. L’Eglise recentre ses activités de formation des prêtres sur Caen.

L’Etat laisse les bâtiments se détériorer.

Arrive la Première Guerre mondiale, les combats sont meurtriers. L’armée belge qui se bat à nos côtés subit elle aussi de lourdes pertes. Elle transforme l’ex petit séminaire en hôpital de convalescence pour ses soldats. Elle y accueille plus de 8000 blessés lors des grandes offensives de la fin de la guerre. D’ailleurs, certains ont laissé une trace de leur passage, en gravant leur nom ou leurs initiales. (http://www.1914-1918.be/hopital_villers_le_sec.php).

A la fin des combats, nombreux sont les soldats invalides qui ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes. Le petit séminaire devient un Foyer pour les accueillir. Plus tard viendront des anciens combattants en retraite.

En juillet 1944, Caen est bombardé. Les pensionnaires d’un hospice de Caen ainsi que des habitants de la ville, trouvent refuge au Foyer, transportés par des camions anglais. Ils y restent environ trois mois. Se créée une grande solidarité avec les habitants de Villiers qui se mobilisent pour leur venir en aide.

Jusqu’en juin 2000, date de sa fermeture, il est la propriété du Conseil Général du Calvados et est géré par l’Office des Anciens Combattants.

Malgré l’austérité des bâtiments, la vie y était chaleureuse selon les anciens.

Que de souvenirs pour les habitants de Villiers qui y ont travaillé.

Laissé à l’abandon par ses propriétaires actuels, des promoteurs espagnols, qui lui chercheraient une affectation (hôtel, école…) !!! Aujourd’hui sécurisé son accès est interdit sous peine de verbalisation.

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